Par Me Paul-Matthieu Grondin
Dans la décision de la Cour supérieure Traffic Tech inc. c. Maiore, l’employé, gestionnaire de compte, donne sa démission et va immédiatement travailler pour un concurrent direct, sans donner un préavis contractuel de 4 semaines. Le contrat de employé ne contenait pas de clauses restrictives de non-sollicitation ou de non-concurrence.
Le juge revoit la jurisprudence applicable en matière d’injonction provisoire, constate que le critère de l’urgence est rempli et se satisfait de l’action diligente de l’employeur en la matière. Là où le bât blesse, c’est quant à l’apparence de droit, dont le fardeau à remplir est relativement peu contraignant. Nous notons deux passages intéressants dans le jugement. Le premier quant à la loyauté à avoir envers son employeur alors qu’on négocie avec un autre employeur :
[40] The prima facie evidence filed by both parties does not satisfy the Court that Maiore engaged in disloyal conduct. The fact that he spoke to Traffix weeks before his resignation is hardly evidence of bad faith, but only of practical reality. He cannot just walk in at Traffix and request employment.
[41] The fact that Paquet and Zboch left with him is explained in their sworn declarations. It is not a concerted effort to leave as a group, nor a manoeuver to destabilize Traffic Tech. Paquet and Zboch were dissatisfied with their employment at Traffic Tech, and did not want to stay if Maiore, with whom they had a pleasant working relationship, did not stay.
[42] Maiore did inform his customers that he had left Traffic Tech. As clearly appears in the article of Me Bich, he had the right to do so[21].
[43] The Court does not, on the basis of the limited evidence, find that there is unwarranted solicitation, being an insistent and repeated communication in order to divert business[22]. The sworn declarations establish, for the time being, that Children’s Place was dissatisfied with Traffic Tech’s services and was looking for other suppliers.
Le deuxième passage explique que le défaut de donner un préavis peut entraîner un recours en dommages, mais pas un recours en injonction, cela en l’absence desdites clauses restrictives :
[47] Traffic Tech argues that Maiore did not give it reasonable notice of his resignation. Traffic Tech argues that it should have received at least four weeks, as per the employment agreement. While article 2091 C.C.Q. requests “reasonable notice”, in this case, the parties have contractually agreed on the length thereof.
[48] Whether or not Traffic Tech always fires resigning employees on the spot will be left to an eventual trial on the merits.
[49] It is not serious on the part of Maiore to argue that he had forgotten the terms of his contract. This being said, while failure to give reasonable notice on the part of the employee gives rise to an eventual claim for damages,[23] it is not ground for the issuance of an injunction, whether mandatory or negatory. Authors Bouchard and Sirois summarize the state of the jurisprudence on the matter:[24]
La requête en injonction n’est pas le recours utile pour forcer un salarié démissionnaire à travailler durant le préavis requis selon l’article 2091 C.c.Q. Un auteur mentionne que sous le régime français, la coutume de Paris appliquée en Nouvelle-France forçait les serviteurs à demeurer chez leurs maîtres et, en cas de désertion, prohibait à toute personne de les embaucher. On ne saurait guère se servir de cette base historique malgré que l’article 1601 C.c.Q. permette l’exécution en nature par voie judiciaire. D’autres auteurs affirment que l’exécution forcée en nature présente peu d’intérêt pour l’employeur victime d’une démission illégale de la part du salarié. C’est aussi la solution des tribunaux judiciaires de common law comme le rapportent les auteurs Barnacle et Wood. …Ajoutons que le droit de résiliation unilatéral du contrat de travail à durée indéterminée (quel que soit le motif) ne justifie pas un droit apparent à la réintégration du salarié démissionnaire. L’injonction n’est pas le bon recours, car la résiliation est sans motif et possible en tout temps. (References omitted)
[50] The Court comes to the conclusion that Traffic Tech has not appearance of right against Maiore. There is consequently no issue to be tried.